L’effondrement : et après ?
L’écologie s’est imposée lors des dernières élections européennes. Les alertes répétées des scientifiques et les différentes manifestations (Gilets jaunes, Extinction Rébellin, Fridays for Future, …) ont projeté le sujet au coeur des débats sociétaux, partout sur la planète. Mais au-delà du réchauffement climatique, c’est toute la civilisation que ces mouvements interrogent. Car de délitements en délitements, l’idée a fait son chemin : notre monde court à son effondrement.
Le terme d’effondrement a été consacré par un essai de Pablo Servigne et Raphaël Stevens paru en 2005. Les deux militants y revendiquent une approche scientifique du sujet, baptisée collapsologie (de l’anglais collapse, « s’effondrer », et du suffixe -logie, logos en grec, « raison »). Mais plus qu’une science, la collapsologie est avant tout une philosophie qui invite à penser l’après, la société post-effondrement.
Les discours sur la fin du monde sont tous orientés vers cet après incertain.
Voilà sa particularité contemporaine. Il s’agit de le prédire pour se préparer. Cependant, parmi les adeptes de la théorie de l’effondrement, on ne se prépare pas de la même manière : ici on organise une communauté basée sur l’entraide, là on fait des provisions de nourriture et d’armes pour sauver sa peau coûte que coûte. Ici, on argue pour un changement radical de modèle, là on croit encore au capitalisme vert.
Ce qui est sûr, c’est que tout le monde a un avis sur le sujet. Survivaliste, altermondialiste, ma sœur, votre cousin, ses voisins ou ce collègue avec qui on plaisante à la machine à café, … La certitude de l’effondrement agite des imaginaires anxiogènes auxquels chacun réagit à coups de théories : pourquoi, comment, et après ?
Certains collapsologues ont vu l’arrivée de la pandémie comme une confirmation de leur théorie. Dès le début, il y a eu l’espoir d’un “monde d’après”, un monde post-pandémie? laquelle aurait été le déclic pour changer de mode de vie.
La collapsologie donne du sens à la complexité contemporaine.
Elle est l’antidote à l’éco-anxiété ou la solastalgie. Elle résorbe l’urgence climatique. Elle offre le récit d’un avenir dont les rapports du Giec sont absents. Mais quel récit ? Quel stylo tracera les lettres d’une réponse collective ?