La déconnexion crée-t’elle du lien ?
C’est toute l’ambiguïté du confinement et de la “distanciation sociale”. Etre détaché et même séparé des autres, mais sur-connecté. Jusqu’alors, face à l’explosion des sollicitations, notifications, emails, sms, réseaux sociaux, la déconnexion était devenue le nouveau graal d’une génération sur-sollicitée, la promesse d’un retour au réel.
« Dé » marque une rupture, déconnecter c’est détacher, séparer, désunir, rompre le lien entre deux choses.
Aujourd’hui largement utilisé dans le cadre des technologies numériques pour désigner la prise de distance – souhaité ou réel – avec internet, cet emploi est paradoxal. En effet, il a beaucoup été dit que les technologies numériques et les réseaux sociaux notamment permettaient de créer du lien. Pourquoi, donc, vouloir à tout prix s’en détacher ? On en voit tout l’intérêt en période de crise.
Il est bien souvent difficile de développer un usage raisonné des technologies. À tel point que la déconnexion est même devenue un droit. Inscrite dans le code du travail depuis le 1er janvier 2017, le droit à la déconnexion stipule qu’en dehors des heures de travail, les salariés ne sont pas supposés répondre aux emails, appels et autres sollicitations de leurs employeurs. Ainsi, couper tous les ponts avec le numérique est vu comme la seule solution pour se défaire de son emprise.
Dans les moments de “déconnexion”, créer des liens avec l’entourage direct serait plus aisé, par opposition à des relations numériques jugées plus factices.
Privé de distractions, les relations seraient plus sincères. Cependant, une fois les moments de coupure terminés, l’emprise des technologies numériques est bien souvent la même qu’avant. Méthode radicale, tout autant que le confinement, la déconnexion comme la connexion est une affaire de cœur ou déraison.