Pourquoi les mots en -ing sont in ?
Les mots qui finissent avec le suffixe -ing sont à la mode dans le français d’aujourd’hui. Ce sont des emprunts à l’anglais, mais pas seulement : parfois, il s’agit de nouveaux mots ou expressions qui ne viennent même pas de l’anglais.
Souvent, un mot avec un terminaison en -ing sert à pour proposer un nouveau concept, une nouvelle idée.
Les domaines qui y ont recours sont le plus souvent le monde de l’entreprise, des nouvelles technologies, ou des tendances culinaires. Prenez par exemple le Co-living, co-walking, souping… En fait il s’agit de colocation, promenade à deux, de soupe. L’anglais étant la langue internationale, la langue du business, ça parait plus moderne, plus innovant. Cependant ces anglicismes ne s’installent pas vraiment durablement dans le vocabulaire des francophones car ce qu’ils désignent existe déjà et a déjà un nom. Le régime “souping” ne remplacera pas la soupe dans l’usage car ça n’a rien de nouveau, comme l’expliquait le linguiste Alain Rey. N’en déplaise à certains magazines féminins qui préfèrent parler de showering plutôt que de douche, ou encore de batch-cooking, qui consiste à préparer ses repas à l’avance pour la semaine à venir.
Cependant, le suffixe -ing devient un outil de néologie pour créer des mots qui paraissent anglais mais ne sont souvent pas compris des anglophones.
Langue anglaise.. ou langue de la Start-up Nation?
Ce langage start-up nation est soumis à la critique. Certains le qualifient de de novlangue . Par exemple, l’offre de vélos et trottinettes en libre service est appelée le “free floating”. Or un anglophone ne comprendrait pas cette expression ou en tout cas ne l’utiliserait pas dans ce contexte. On le voit aussi dans le vocabulaire courant : faire du “forcing” est aussi une expression française, pour désigner un comportement insistant. Alors pourquoi ce ing ?
En grammaire anglaise, la forme be + forme verbale en -ing est la marque du présent continu, qui s’emploie pour parler de quelque chose qui se passe en ce moment, d’une action. Cette terminaison permet de créer un substantif à partir d’un verbe. En effet, le point commun entre tous ces mots cités précédemment est la forme verbale. Le verbe implique une notion d’action, tandis que le français est plus dans l’être, dans la description. Ce verbe sous-entend une injonction à la productivité dans la société d’aujourd’hui.