La tech ou la version branchée de la technologie ?
Fintech, foodtech, deep tech, French tech… Ces mots deviennent de plus en plus familiers. Ils ont en commun 4 lettres : « tech », abréviation de « technologie ». Ce mot agit désormais presque comme une sorte de suffixe venant valider la modernité d’un concept ou d’un secteur. Si abréger le mot fait gagner quelques secondes, il semble également que cela altère son sens. Cela nous pousse à interroger la fonction de ce raccourcissement.
Les abréviations sont légions, notamment en langage sms où l’on réduit les mots à quelques consonnes pour taper plus vite. « Bjr jspr que tvb » n’est qu’un exemple parmi d’autres de ces découpes chirurgicales et strictement limitées à l’écrit. A l’inverse, le raccourcissement de « technologie » semble ajouter des connotations nouvelles et modifier le sens premier. Parce que le mot est court, lapidaire, il évoque une certaine efficacité et donc la modernité et l’innovation.
Ce mot agit désormais presque comme une sorte de suffixe venant valider la modernité d’un concept ou d’un secteur.
Un mot comme « Fintech » ne désigne pas, simplement les produits (technologiques) dédié au monde de la finance, mais une entreprise, souvent une start-up, qui officie dans ce domaine. De la même façon, la « foodtech » ne désigne pas tant la technologie elle même que l’écosystème d’entreprises qui l’utilise. Le mot et désormais suffixe « tech » ne renvoie donc pas à des réalisations techniques particulières mais plutôt à un ensemble d’éléments permettant l’innovation, quand la technologie a quelque chose de soudain presque artisanal.
La tech sous-entend l’intelligence artificielle, la maîtrise de plates formes digitales complexes. Bref, la tech est sous-entendu et par essence branchée.
Utilisé en apposition, « tech » agit comme un label qui vient valider le caractère innovant des produits proposés par une entreprise. Ainsi, le gouvernement décerne le qualificatif de « French Tech » aux entreprises innovantes françaises. Cela permet de créer un écosystème de start up, en France comme à l’international.
C’est par son côté bref, immédiatement compréhensible, percutant, que le mot « tech » a séduit. C’est précisément parce qu’il est court et vague qu’un glissement de sens a pu s’opérer par rapport à « technologie ». Plus court et accolé à des mots anglais, tech séduit par sa brièveté et s’insère dans un jargon entrepreunarial populaire au sein de ce qui est parfois baptisé la « startup nation ».