Le 21 octobre 2019

L’empouvoirement nous rend-il plus fort ?

L’anglais “empowerment” a pour racine “power” qui signifie “pouvoir”. Il désigne un processus d’acquisition de capacité ou de puissance. Le sens du mot étant assez large, il y a eu plusieurs propositions de traductions françaises , comme “agentivation” ou “autonomisation”. Aucune ne parvient à véritablement en rendre les nuances. Cette difficulté a conduit à en créer une version francisée : “empouvoirement”.

Cette traduction est-elle une marotte des puristes qui insistent pour franciser tous les mots ?

…Ou bien procède t’elle de la nécessité de s’approprier un vocabulaire n’ayant pas d’équivalent en français ? Franciser les mots empruntés à nos voisins anglophones est bien souvent une façon de s’opposer à l’évolution de la langue en voulant la couper des influences extérieures. Une initiative du Ministère de la culture, qui répond au nom de “France Terme” se charge officiellement de cette francisation. Elle publie les mots ainsi transformés au Bulletin officiel, souvent sans grand effet. Qui utilise réellement “pourriel” au lieu de “spam”, “démarche inspirée du design” pour “design thinking” ou “fenêtre intruse” pour “pop-up” ?

Les contre-exemples du vocabulaire

Il y a bien évidemment des contre-exemples : “baladeur” était en son temps plus populaire que “walkman” et “rançongiciel” se substitue sans difficulté à “ransomware” parce qu’il est de compréhension plus immédiate. C’est finalement l’usage qui vient valider un mot, plus que l’Institution. “Empouvoirement” en est la preuve : si “autonomisation” est sa traduction officielle, l’usage a consacré un autre gallicisme. Ici, la francisation du mot ne vient pas répondre à une volonté de figement, mais au contraire à un désir de s’approprier un concept clé qui fait écho à un corpus théorique anglo-saxon dont nous n’avons pas d’équivalent en français. 

“Empouvoirement” est autant un anglicisme qu’un gallicisme, et cette ambivalence lui permet d’être compris presque immédiatement.

Cela en fait un terme qui, s’il ne nous rend pas plus fort, est en tout cas particulièrement efficace pour nous le faire croire.