Le 8 décembre 2019

Le podcast : une nouvelle façon de faire entendre sa voix ?

Ces dernières années, les radios traditionnelles sont devenues filmées. Comme si l’image était une condition de la modernité. L’engouement pour les podcasts, ces nouveaux médias radiophoniques, vient démontrer le contraire. Pourquoi plaisent-ils ? Tout le monde s’y met : les radios traditionnelles, les sociétés de production de podcasts dits natifs, en passant par les marques. À chacun son podcast ? Cela en prend le chemin.

Le podcast incarne un nouveau moyen d’expression. Il donne de la voix. Et entendre la voix est la possibilité de l’écoute.

Le terme provient originellement de la contraction entre le pod d’iPod et le terme anglais broadcast (l’émission). Certains y voient l’acronyme de « program on demand », faisant écho à d’autres services médiatiques disponibles à la demande (la vidéo, par exemple). Accessible n’importe où, n’importe quand, à durée variable, le podcast fait le bonheur des auditeurs flexibles.

Le podcast séduit par son format éditorial, l’enquête ou le reportage, sa facilité de réalisation et ses thématiques. Il se consomme souvent de façon hybride, en marchant, en cuisinant, en conduisant, etc. Surtout, il fait émerger du champ de l’impensé et de l’intime des sujets plus rarement débattus en public, ou moins longtemps : féminités, masculinités, sexualité, émotions…

Le podcast ouvre la voie au particulier, à la subjectivité, à l’opinion. Il donne à voir un sujet disséqué et personnellement vécu.

Ainsi, le podcast crée des espaces de parole protégés. En échappant au rythme effréné de l’actualité, la parole fait sens. Le cadre intime recréé par les écouteurs donne une nouvelle place à la voix. Seulement après cette écoute privée, la voix peut espérer rejoindre la sphère publique et, dans une ultime étape, être collectivement et politiquement appropriée.

Le podcast est à l’image d’un XXIème siècle idéalement subjectif, où l’engagement et le sens structurent les prises de parole. En cela, le podcast peut-être vu comme un pendant démocratique des fake news.

Du côté des marques, l’enjeu est crucial : renouveler le lien qui les unit à leurs consommateurs. En romançant son histoire et ses engagements, elle propose un nouveau regard, décalé, approfondi, historique, privilégié. L’enjeu est également de s’adresser à des consommateurs plus jeunes. Écriture voulue spontanée, voix sans artifice, écoute à l’abri, le podcast se veut intime et authentique. Pour atteindre sa cible, la marque quitte l’espace public pour pénétrer dans la sphère privée.

En démocratie ou sur un marché, croire au podcast pour être entendu est une façon de relever le pari pascalien.