Le 4 novembre 2019

La ville inclusive : tout-compris ?

Le 21 mai 2019, la nouvelle édition 2020 du Larousse paraissait. Avec lui, son florilège de nouveaux mots : locavorisme, antispécisme, datacratie, … Tous racontent quelque chose des préoccupations de notre époque. Parmi eux, « inclusif » se voit affubler d’un sens supplémentaire. Le sens d’inclusion était compris comme le « fait de contenir quelque chose en soi ».

Aujourd’hui, le terme glisse pour signifier une action, celle d’ « intégrer des personnes et de mettre fin à leur exclusion ».

Cette signification fait son apparition en France au début des années 2000, d’abord dans les métiers du travail social et de la médecine. Fort de cette nouvelle définition, « inclusion » remplace le mot « intégration » pour parler du handicap ; puis le terme s’étend pour s’appliquer à l’ensemble des publics dits vulnérables ou discriminés. Petit à petit, « inclusion » fait son nid dans le vocabulaire politique, et principalement dans celui des politiques de la ville.

Pendant vertueux à « exclusion », « ville inclusive » renvoie à un idéal de cohésion sociale. 

Ville inclusive, écriture inclusive ou dialogue inclusif sonnent ainsi comme des mots d’ordre mobilisateurs, une formule magique sensée rendre le monde plus égalitaire. Ce n’est pas qu’une promesse dans le vent. C’est un programme : dans les projets d’évolution des villes, cela signifie penser l’accessibilité de tous les espaces mais aussi la mixité et la flexibilité de l’offre. Les solutions sur-mesure foisonnent ainsi pour n’exclure personne.

Inclusive, la ville devient tout-compris pour n’omettre aucun service et combler toutes les attentes.

Pour que chacun trouve sa place dans la ville de demain, l’enjeu n’est pas tant le all inclusive, que la réelle appropriation du territoire et de ses lieux de vie. Pourtant autant, c’est un autre sens du mot qui pourrait émerger à terme.

Celui du “all inclusive” de l’hôtellerie et de la restauration anglo-saxonne, qui s’est développé dans l’industrie du voyage de grande consommation : selon le principe, “dépenser moins, pour profiter un maximum”. Dans les villes, le all inclusive séduit d’ailleurs des populations plus à l’aise avec les services urbains, mieux dotées en matière de pouvoir d’achat. La ville inclusive trouve ainsi son corollaire dans des dynamiques de gentrification. La complexité des attentes qui s’exprime de plus en plus est en partie liée avec une certaine consommation de la ville : habiter en ville comme à la campagne, y faire la fête tout en pouvant bien s’y reposer, y travailler près de chez soi, etc., etc. Le catalogue de la mixité des attentes s’est allongé…

Finalement, que signifie vraiment une politique de la ville inclusive ?