Le 26 mars 2019

Le bien-être est-il un bonheur au rabais?

Dire que le bonheur est devenu une injonction n’a rien de nouveau. Etre heureux est pratiquement devenu une obligation. Cependant, plus que le bonheur – concept finalement bien vague – c’est le bien-être qui s’est imposé comme l’impératif dominant de ces dernières années.

La multiplication des livres de développement personnel, des applications de méditation, des studios de yoga sont des exemples de ce que propose l’industrie du « bien-être ». Les réseaux sociaux créent et renforcent cette pression. On peut y voir des jeunes femmes filiformes se mettre en scène dans des postures compliquées sur des plages paradisiaques. Selon elles, le prix de la paix intérieure. Au centre de ce discours s’affirment les notions d’équilibre, d’harmonie, de mesure…

À la différence du bonheur, le bien-être n’a rien d’exubérant.

Il est défini comme un état de contentement où les besoins du corps et de l’esprit sont satisfaits. L’atteindre, l’entretenir, le conserver, semble donc plus accessible. Y parvenir requiert une forme de contrôle et de discipline. Pratique régulière du yoga, de la méditation, lecture assidue d’ouvrages, contrôle de son alimentation, du temps passé sur les réseaux sociaux… Le bien-être ne se gagne qu’à condition de maîtriser un certain nombre d’aspects de sa vie. Il s’inscrit en cela dans une obsession pour la quantification de notre existence, notamment au moyen d’appareils électroniques. 

La recherche de cet équilibre est devenue un sujet de préoccupation dans de nombreux domaines. On parle désormais de bien-être scolaire, de bien-être animal, ou encore de bien-être au travail. Ce dernier emploi est particulièrement révélateur de l’ambivalence inhérente à cette notion. Quand le travail génère du stress, chercher à le tenir à distance est aussi un moyen d’augmenter la performance individuelle.

Le bien-être est particulièrement susceptible d’être instrumentalisé parce qu’il est quantifiable.

C’est précisément pour cette raison qu’il se substitue petit à petit au bonheur. Il en est la variante accessible et marketing. Un remplacement qui n’a rien d’anodin.