Le 4 février 2019

Le like est-il seulement un message en soi ?

Le geste est devenu banal. Mais que dit-on vraiment lorsqu’on « like » une publication ? Exprime-t-on une opinion proche du message qu’on propage ou juge-t-on simplement que l’information mérite d’être connue ? Plus complexe encore : s’oppose-t-on au message tout en le transmettant ? ou cherche-t-on simplement la reconnaissance de la communauté à laquelle on appartient ? Peut-on « liker » sans « liker » vraiment ? Pour rendre compte de la pluralité des messages que peut impliquer un simple clic sur « j’aime », Facebook a créé une extension qui permet aux utilisateurs de préciser leur humeur en choisissant leur réaction parmi 6 émoticônes. Sur toutes les plateformes de contenus, le pouce levé reste en revanche la simple manifestation d’une envie de partager. Le « like » est-il devenu un langage ?

Le « langage » désigne la capacité que nous avons à communiquer, à reconnaître tel sens dans tel signe (visuel ou sonore).

Le langage humain se distingue par sa double articulation, qui lie un signifiant (le signe, distinctif) à un signifié (le concept auquel il renvoie, significatif). Les signes linguistiques, de plus, permettent à la fois de dénoter (référer à un objet ou à un concept) et de connoter (proposer un jugement de valeur sur celui-ci). Le langage humain est différent en cela du langage informatique ou du langage des abeilles; Ceux ci se contentent de donner une suite d’instructions ; ils sont constitués de signaux, binaires, quand la langue est faite de signes, interprétatifs.

Alors, binaire ou interprétatif, le « like » ? Facebook aimerait sûrement répondre qu’il a une valeur absolue qui lui permet d’être facilement comptabilisé et rationalisé. Maîtrisé. En vérité, malgré l’évolution de l’outil, on a toujours autant de mal à catégoriser le « like ». Bien souvent, pour comprendre la portée du clic et l’intention de celui qui l’a activé, il faut l’interpréter relativement au contexte. Derrière les émoticônes, une multitude de messages possibles existent, car le « like » n’est ni un signe ni un signal : c’est une action.

« Liker » une page ou une publication représente un investissement minimal dans l’interaction, mais sa publicité en fait malgré tout un engagement : aimer, sur les réseaux, c’est afficher qu’on aime.

Et s’il n’a pas de signification dans l’absolu, le « like » reste, à titre individuel, une pratique très uniforme ; il est techniquement très aisé, dès lors, d’en tirer des informations, aussi bien sur l’usage (fréquence, heures de connexion, variation des émoticônes, …) que sur le profil (thématiques, type de contenus, type de pages, …) de l’utilisateur. 

Le like n’est pas message en soi, non. Mais un message sur soi ?